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Football vintage

Salif Keita, 142 buts en 188 matchs avec l'ASSE : "on était 4 sur lui, impossible de lui prendre le ballon"

25 Mai 2025 - écrit par Papy Foot


Qui aurait pu imaginer un jour que ce malien, fils de camionneur, issu d'une famille de 11 enfants, jouerait un jour contre le grand BECKENBAUER... Salif KEITA va se faire remarquer par Charles DAGHER, un libanais installé à BAMAKO, mais surtout, un vrai supporter de l'ASSE. Il va envoyer plusieurs lettres aux dirigeants stéphanois, vantant les qualités de ce joueur. Enfin Roger ROCHER lui propose de faire un essai. Il prend l’avion et arrivera le 14.09.1967 à ORLY… mais personne ne l’attend. Il convainc un chauffeur de taxi de l’amener au 13 rue de la Résistance à ST ETIENNE après lui avoir montré les lettres des dirigeants stéphanois. L’anecdote du taxi est connue, sans compter les regrets du chauffeur de taxi qui était un fervent supporter du Stade de REIMS…

Il arrive en 1967 tout comme Georges CARNUS et Wladimir DURKOVIC. Attention, ce n’est pas un inconnu, il a déjà une vingtaine de sélection avec l’équipe nationale du MALI, et il est considéré comme le meilleur footballeur du continent africain. Il va découvrir l’hiver stéphanois et les cheminées d’usine. Il joue son premier match officiel contre MONACO le 19 novembre 1967, il marque le 2ème but (victoire 3-0).

L’arrivée de KEITA pousse doucement Rachid MEKLOUFI vers la sortie et quand vient la finale de la Coupe de France 1968, l'entraîneur choisit la voie délicate, et explique à Salif, que la Coupe de France est la récompense d’une longue patience, et qu’il faut savoir la mériter : « Ton tour viendra Salif ! ». Les Verts feront le doublé et s’imposeront en finale face aux Girondins de BORDEAUX 2-1, sans Salif, avec un doublé de Rachid MEKHLOUFI.

Ci-dessous les Verts version 1967-1968 :
Debout : BATTEUX, CAMERINI, BROISSART, JACQUET, CARNUS, BOSQUIER, POLNY, DURKOVIC, KEITA, ROCHER
Accroupis : LARQUE, FEFEU, HERBIN, H. REVELLI, MEKHLOUFI, BERETA, N’DOUMBE

Arrive la saison 1968-1969. Une nouvelle fois, la supériorité des Verts va être évidente, et ils remporteront pour la 3ème fois consécutive le titre de champion. Mais l’équipe a rarement flambé. Avant il y avait Rachid, KEITA est très bon, mais il n’a pas dans le jeu la spontanéité qu’avait Rachid MEKHLOUFI. Ces soucis apparaissent notamment en Coupe d’Europe lorsque le Verts rencontrent le CELTIC de GLASGOW. Mais initialement, les Verts devaient rencontrer pour ce 1er tour, les polonais de CHORZOW. Mais nous sommes un peu avant les évènements du « Printemps de PRAGUE » et les chars soviétiques. Les pays du « Pacte de VARSOVIE » renonceront à la Coupe d’Europe, ce qui était prévisible. Du coup, au lieu de jouer CHORZOW, les Verts affrontent le CELTIC GLASGOW. Aie.  Après une victoire 2-0 à l’aller, il faut se rendre dans un PARKHEAD où sont accourus près de 60.000 spectateurs. Salif est encore trop jeune, et trop naïf, et peu habitué aux actes d’anti-jeu de MC NEILL le défenseur central du CELTIC. Les Verts vont être balayés 4-0.
Nos champions ci-dessous :
Debout : JACQUET, BOSQUIER, POLNY, CARNUS, MITORAJ, DURKOVIC
Accroupis : FEFEU, LARQUE, H. REVELLI, KEITA, BERETA

Que dire de cette saison 1969-1970, ou les Verts vont se promener, avec 88 buts marqués en 34 matchs de championnat, 11 points d’avance sur le 2nd et seulement 3 défaites (dont 2 lors des 3 dernières journées en pleine décompression). Demandez donc à l'ancien international français Jean François JODAR, ce qu'il pense de SALIF KEITA...  "Avec Reims, on en avait pris à 9 dans le Chaudron cette année-là, on perdait 7-1 à la mi-temps, on rasait les murs... Nos dirigeants pleuraient, notre coach avait dit "pas de marquage individuel sur Salif Keita" en début de match. Résultat : on était quand même à quatre sur lui, impossible de lui piquer le ballon. Dès qu'il tirait, il marquait, c'était irréel de voir un joueur à un tel niveau. Il était incroyable et fantastique".

Il sera le grand homme de la saison. Mais, ST ETIENNE a failli perdre sa perle noire au cours de l’été 69. Salif a toujours le statut d’amateur, et donc moins bien payé que les professionnels. Il a donc envoyé sa lettre de démission à la Ligue du Lyonnais. ANDERLECHT s’était d’ailleurs mis sur le coup. Le président ROCHER, Pierre GARONNAIRE et Albert BATTEUX vont faire le voyage à BAMAKO en plein été pour le faire fléchir. Ca a marché. Le championnat peut reprendre avec cette chaude soirée d’aout à MARSEILLE lors de la 6ème journée. Par 2 fois, Charly LOUBET donne l’avantage à l’OM, mais par 2 fois les Verts reviennent par l’intermédiaire de LARQUE et de KEITA. En plus l’ASSE prendra l’avantage à la 50ème minute toujours par KEITA. Le ton monte, surtout quand l’arbitre Mr MACHIN a le courage de refuser un but pour hors-jeu à l’OM à la 74ème minute… c’est l’explosion. Le public envahit le terrain et s’en prend à l’arbitre. Curieuse sanction infligée par la Ligue, défaite de l’OM par 2-0. Autre match qui compte pour l’ASSE, le derby face à LYON et la déroute lyonnaise 7-1 (les lyonnais prendront un 6-0 au retour). Supériorité en championnat mais aussi en Coupe. Après quelques soucis face à NIMES de Kader FIROUD, l’élimination de METZ, RENNES et enfin une victoire écrasante en finale face au FC NANTES 5-0 !
 

Place à la Coupe d’Europe, peu le savent, mais nos Verts cette saison vont éliminer… le BAYERN DE MUNICH. Mais oui, monsieur, mais oui, madame. Match aller à MUNICH et défaite 2-0, mais au retour, que de frissons… avec H. REVELLI et KEITA au poste d'avant-centre. H. REVELLI marque dès le début du match, puis un 2nd but. Et enfin la délivrance à la 81ème minute avec KEITA. Mais incroyable, ils se feront sortir le tour suivant par le LEGIA VARSOVIE…
 
Lors de la saison 1970-1971, la domination des Verts est moins souveraine notamment avec l’OM qui est en net progrès avec Josip SKOBLAR. Le 6 mars 1971 par une température de -5°, les Verts rendent visite à l’OM. Match nul, mais l’ASSE a pris un réel avantage psychologique. Au début du mois de mai, l’équipe est en tête avec 2 points d’avance sur l’OM. C’est à ce moment que va éclater l’affaire CARNUS-BOSQUIER qui va complétement plomber nos Verts qui vont offrir le titre aux marseillais. Sportivement, il faut rappeler le soulier d’argent remporté par Salif (la panthère noire comme on le surnomme), le soulier d’or étant attribué à Josip SKOBLAR. 86 buts à eux 2.

Lors de la Saison 1971-1972, ST ETIENNE a vu les départs de CARNUS et de BOSQUIER à l’OM, mais aussi H. REVELLI et CAMERINI, et plus tard DURKOVIC qui mourra tragiquement en Suisse. Cette saison les Verts vont prendre le dessus au Vélodrome, le 24 octobre 1971 dans l’ambiance passionnée que l’on peut imaginer. L’OM mène 2-0, mais KEITA va rétablir l’équilibre par 2 fois. Le but vainqueur sera l’œuvre de Jean Michel LARQUE. Le 1er avril, l’OM a tout de même 10 points d’avance sur ST ETIENNE. Ils viennent un peu plus décontractés à Geoffroy Guichard. CARNUS et BOSQUIER ne répondront pas aux sifflets des supporters, mais ils seront encore battus. A défaut de titre pour l’ASSE, ils auront le mérite de remporter les 2 rencontres.
Mais voilà,  Salif est en désaccord avec ST ETIENNE sur la durée de son contrat. Il estime être lié jusqu’en juin 1972, l’ASSE rétorque qu’il s’agit de juin 1973. Il arrive à l’OM pour la saison 1972-1973 avec Marius TRESOR. L’OM terminera 3ème. Au lieu d’enflammer l'attaque marseillaise, l’arrivée de SALIF la fait boîter. Il évolue au côté de Josip SKOBLAR et Roger MAGNUSSON, un peu compliqué, ça leur fait 3 étrangers. Mais ça ne prend pas. Les dirigeants de l’OM exigent qu’il prenne la nationalité française, il refuse. Lors de la rencontre OM – ASSE, il réalise un doublé et un bras d’honneur à destination de Roger ROCHER. C’est bien le FC NANTES qui remportera le titre devant l’OGC NICE. Et la Coupe de France sera remportée par LYON et ses 3 lutins.
 

En juillet 1973 il quitte le club phocéen pour rejoindre le FC VALENCE dans un championnat très difficile. Son contrat le lie jusqu’en 1977. Bien sûr, le REAL est au-dessus du lot. Lui, il déteste toujours les défenses renforcées, et le marquage individuel très strict qui lui est appliqué. De plus, il est souvent seul en pointe, parfois épaulé par Johnny REP (j’imagine que pour les fans des Verts, ce nom est également très parlant). Mais voilà, blessures aux adducteurs, une opération sera nécessaire. Il sera éloigné des terrains pendant un moment. Mais en Espagne, il s’est un peu rapproché de son pays natal, il s'y plait. Pour les fans, bien sûr vous l’avez reconnu, ainsi que Johnny REP, mais figurez-vous qu’il y a également un autre joueur à VALENCE qui rejoindra l’ASSE… Qui ça, qui ça ??? on en reparle en fin d’article.

Mais voici que SALIF lors de la saison 1976-1977 débarque au Portugal, et plus précisément au SPORTING de LISBONNE. Et figurez-vous que lors du 1er tour de Coupe d’Europe, le SPORTING va rencontrer… BASTIA. Et qui va-t-il rencontrer à BASTIA… Johnny REP ! le monde est vraiment petit. J’avoue ne pas être un spécialiste mais ci-dessus
Debout : LARANJEIRA, KEITA, VICTOR GOMES, DA COSTA, ARTUR, FRAGUITO
Accroupis : AMANDIO, BALTAZAR, BARAO, MANUEL FERNANDEZ, VALTER
Puis il part aux USA. Diplômé en marketing (Bachelor à la SUFFOLK UNIVERSITY de BOSTON), il travaille dans une banque américaine pendant 4 ans. Fier de ses diplômes, il va enfin pouvoir rentrer au pays ! Mais le commerce, c’est difficile, il va devoir réapprendre l’Afrique et son pays. Mais s’il rentre à BAMAKO, c’est bien pour entreprendre. Le soccer c’est bien terminé. Il n’y a pas vraiment de suspens, le COSMOS est champion chaque année. Mais en Afrique, pas question d’être entraîneur, ce n’est pas son truc. Responsable administratif… pourquoi pas.
Finalement, il va créer un centre de formation de football professionnel en 1994 : le Centre Salif KEITA. Ce centre est depuis devenu un club professionnel évoluant en D1 malienne. On y trouvera un certain SEYDOU KEITA, mais aussi MAHAMADOU DIABATE (ses neveux).
Il sera même élu président de la Fédération Malienne de Football.
 

Malheureusement, il nous a quitté en septembre 2023. Un grand bravo à SALIF KEITA pour cette incroyable carrière.
J’en aurai encore oublié le quizz… à VALENCE, il y a un certain Carlos DIARTE !



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